Essais à la fumée pour la recherche de sources de captage d’eau parasitaire

Nos réseaux d’assainissement d’eaux usées véhiculent des quantités surprenantes d’eau d’origine pluviale qui ne devraient pas s’y retrouver, occasionnant des surcharges lors de fortes pluies et lors de la fonte printanière. C’est ce qu’on appelle les eaux parasitaires d’infiltration et captage. L’infiltration se fait généralement par l’introduction d’eau souterraine dans les canalisations, sur une base continue ou intermittente, en fonction du niveau de la nappe souterraine. L’eau s’introduit généralement par des joints de conduites ou de regards défectueux, des fissures, etc. Ce phénomène est donc généralement plus important au printemps à la remontée de la nappe, suivant la fonte printanière. Les techniques de mesure de débit et de remontées par tronçons, ou encore d’inspections télévisées, sont habituellement utilisées pour localiser les problématiques.

Lorsque les débits réagissent très rapidement suivant une précipitation intense (ex. orage d’été), le réseau est alors soumis à une ou des sources de captage direct d’eau de surface, que ce soit par des raccordements de puisards de rue, des gouttières, des drains de toit plat, des fossés canalisés, etc. Dans ce genre de situation, la technique des essais à la fumée devient un outil très efficace pour localiser les sources d’introduction potentielles d’eau de surface. L’injection de la fumée se fait via des regards du réseau d’égout sanitaire, et tout dégagement de fumée en surface peut représenter une source de captage potentielle d’eau parasitaire. Ces sources sont photographiées et cartographiées, en vue des travaux correctifs éventuels. En préparation des essais à la fumée, il est important d’aviser tous les usagers et le service de protection des incendies, compte tenu des risques d’introduction de fumée dans les bâtiments par des joints de plomberie défectueux, des drains de plancher, etc. Bien que la fumée générée ne soit pas toxique, il est en effet très important d’informer les occupants sur les précautions à prendre pour limiter l’introduction de fumée et réduire l’incommodation qui s’en suit.

À noter que les essais à la fumée peuvent aussi permettre de localiser, dans certaines conditions, les drains de fondations raccordés au réseau qui peuvent représenter des sources de captage indirectes mais importantes. Il arrive toutefois que la nature et l’épaisseur du sol qui recouvre les drains ne permettent pas à la fumée de se propager en surface. Il faut alors plutôt opter pour la technique des essais au colorant ou par caméra.

Dépistage de raccordements inversés dans les réseaux d’égouts pluviaux

Les raccordements inversés peuvent représenter une source significative de pollution des milieux humides, des cours d’eau et des lacs, et risquent de se répercuter sur les réserves d’eau potable, l’habitat aquatique, les activités de loisir et de sport, l’esthétique de l’environnement, la santé et la sécurité des citoyens. Le rejet de contaminants dans l’environnement par ces raccordements inversés est prohibé par la Loi sur la qualité de l’environnement. Les exploitants de réseaux d’égouts ont la responsabilité de prévenir et d’éliminer ces déversements de façon appropriée.

Le Guide méthodologique pour la recherche et l’élimination des raccordements inversés dans les réseaux de collecte d’eaux usées municipales décrit la marche à suivre pour réaliser le dépistage. Après avoir procédé à l’identification et à la localisation des exutoires pluviaux, Avizo peut vous accompagner dans cette démarche, comprenant généralement les activités suivantes :

• Inspection et échantillonnage des exutoires en temps sec
• Essais à la fumée sur le réseau pluvial
• Essais au colorant sur les dispositifs sanitaires des bâtiments ciblés

L’inspection et l’échantillonnage des exutoires permettent de cibler les exutoires comportant des raccordements d’eaux usées en amont. Lors d’une inspection par temps sec, un échantillon est prélevé en vue d’analyses en laboratoire (habituellement les coliformes fécaux). En absence d’écoulement, l’investigation se fera par l’ajout d’un grillage et la réalisation d’une nouvelle inspection quelques jours après pour évaluer les évidences de raccordements inversés (papier de toilette, matières fécales).

Le Guide recommande ensuite de procéder à des remontées par tronçons, par inspections visuelles de regard en regard, pour déterminer la provenance des eaux usées. Par expérience, il peut être laborieux de procéder de la sorte, particulièrement si le nombre de bâtiments raccordés au réseau est important, mais aussi en raison de l’écoulement naturel en provenance de la nappe souterraine. Une technique très efficace et peu coûteuse généralement utilisée pour circonscrire le nombre de bâtiments à ausculter est de procéder à des essais à la fumée sur le réseau pluvial. Tout dégagement de fumée à un évent de plomberie d’un bâtiment indique alors un très haut potentiel de raccordements inversés, qui devra ensuite être testé au colorant. Il en sera de même pour tous les bâtiments pour lesquels il n’est pas possible de voir les évents. L’utilisation d’une nacelle ou d’un drone peut faciliter l’observation des dégagements de fumée aux évents.

La dernière étape du dépistage consiste à la réalisation d’essais au colorant. Cette technique nécessite inévitablement d’entrer dans les bâtiments, préférablement après avoir avisé les occupants et convenu d’un rendez-vous pour faire les tests. Le test au traceur consiste à injecter un colorant qui ne tache pas, dans les toilettes d’un bâtiment, en actionnant la chasse d’eau, et en ouvrant des robinets ou en faisant couler un bain, afin de favoriser un meilleur écoulement à l’égout et ainsi réduire la durée du test. Un technicien ou une technicienne posté dans la rue aura ouvert les regards d’égouts sanitaires et pluviaux desservant le bâtiment en question. L’observation du colorant à l’égout pluvial indiquera la non-conformité du raccordement, alors qu’une apparition de colorant à l’égout sanitaire indiquera sa conformité. On répétera généralement l’opération pour des éléments sanitaires raccordés à différents groupes de plomberie, avec différentes couleurs de colorants, afin de statuer si la non-conformité du raccordement est totale ou partielle.